Accompagnée du maître de flûte Saïd Nissia et de deux percussionnistes, au bendir
et derbouka, Nadia Tachaouit, dont le patronyme signifie la chouia, est la voix du
peuple chaoui. Lorsqu'elle se met à chanter, c'est tout le passé berbère des Aurès que
l'on ressent en elle. Les mélopées puisées à la source, transmises de génération en
génération, lui ont été comme offertes très tôt en héritage par une tante dont la voix
était renommée pour sa qualité et sa beauté. Les rythmes obsédants et lancinants et
le tempo enlevé de certaines mélodies ont su faire vibrer la sensibilité de Béla Bartok
qui se trouvait dans la région de Biskra durant l'été 1913. Cette musique lui parut
en effet très proche de ce qu'il avait entendu dans sa Hongrie natale et dont il avait
fait un collectage.
Saïd Nissa, berger dans son enfance, est la mémoire encore vivante des cultures musicales berbères d'Algérie. Imprégné
d'un vaste répertoire, il joue de l'étonnante flûte gasba des chaouis et de la ghaita, hautbois strident et festif du Sahara.
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