mardi 17 juillet 2007
SANILHAC 22h
Place du Château

  Ensemble TAKRIST' NAKAL
   and friends
Projet Desert Rebel
Musique et Chants Touaregs du Niger



           

DESERT REBEL :
    CULTURE EN RESISTANCE.
Un autre monde est possible !
La musique qui circule au-delà des frontières est un moyen de préservation et d'enrichissement des cultures, mais aussi l'ambassadeur privilégié des échanges, des rencontres, de formes de dialogues qui se transforment parfois en projets artistiques ambitieux. Aujourd'hui, alors que la planète est secouée par des conflits politiques et des désastres naturels sans fin et que la menace du "choc des civilisations" tétanise les rapports Nord-Sud, la culture est un enjeu majeur de la paix et de l'entente entre les peuples. En s'inscrivant dans l'économie mondialisée, les projets artistiques prennent un sens qui ne se résume pas au seul plaisir esthétique ou au divertissement : les ressources culturelles, comme les ressources naturelles, doivent faire l'objet d'un échange équitable, basé sur la solidarité.

C'est à partir de cette réflexion, à la suite d'une rencontre entre des musiciens touarègs et français au Niger, que le projet Désert Rebel est né. Pour ses initiateurs, ce projet est la tête de pont d'une série d'initiatives musicales et documentaires en développement, "Culture et résistance" : culture comme résistance à l'oppression politique et marchande, et résistance à l'uniformisation et à la marchandisation de la culture. Promouvoir les activités citoyennes d'artistes engagés, soutenir l'expression de cultures menacées, faire connaître l'histoire, la vie, le combat de minorités opprimées : à travers des expériences de "culture équitable", artistes du Nord et du Sud s'associent pour faire vivre des projets générateurs de revenus dont une partie sert des réalisations locales. Désert Rebel, premier volet d’une série qui présentera d’autres expériences musicales à travers la planète, permettra de financer une école de musique créée par des artistes touarègs à Agadès.

Abdallah Ag Oumbadougou, chantre de la rebellion touarègue.
Enfant du Niger postcolonial qui obtient son indépendance en 1960, Abdallah Ag Oumbadougou est né vers 1962 à Tchimoumounème, alors que par des insurrections rapidement écrasées, les Touaregs expriment leur refus d'être considérés comme des citoyens de seconde zone. Il achète sa première guitare à l'âge de 16 ans, apprend en autodidacte à se servir de cet instrument. Pionnier de la guitare électrique au Niger, il compose ses premières chansons librement inspirées des mélodies ancestrales, marquées par l'histoire et la cause du peuple Touareg.

Les sécheresses de 1973 et 1974 anéantissent le pays pendant six ans. Les stocks de produits alimentaires découverts au domicile de ministres de Diori, premier président du Niger et candidat unique soutenu par la France, portent un coup fatal au pouvoir. Diori est renversé lors d'un coup d'État sanglant et Senyi Kountché, un militaire, prend sa place à la tête du pays. Il reste cinq ans au pouvoir avant de s'éteindre à son poste. Le colonel Ali Saibou le remplace, non sans promettre d'instaurer la démocratie et de lancer des réformes, qui ne voient jamais le jour.
Les décennies 70 et 80 sont marquées par les effets de la sécheresse, provoquant un exode massif des jeunes.
En 1984, Abdallah Oumbadougou fait partie des nombreux exilés qui s'expatrient en Libye, où il fonde en 1987 le groupe Tagueyt Takrist Nakal, "Construire le pays", qui appelle à l’unité du peuple Touareg.
Entre 1991 et 1995, ses compositions interdites par les autorités nigériennes se répandent à travers tous les campements de réfugiés du Niger au Mali, en Algérie, au Burkina Faso et en Libye grâce aux cassettes pirates qui circulent clandestinement. Ses chansons en tamashek qui célèbrent l’amour, se plaignent de la dureté de l’exil et de la nostalgie du pays, font naître sa légende à travers le désert. Abdallah, comme ses cousins maliens du groupe Tinariwen, n’hésitera pas à franchir secrètement la frontière pour rejoindre kalachnikov à la main la guerilla opposées aux troupes régulières. Mais ses véritables armes sont avant tout sa guitare et son magnétophone à piles sur lequel il enregistre ses chansons. Les accords de Paix d’avril 1995 permettent son retour d'éxil marqué par un concert à Niamey devant plus de 2000 personnes. Il réalise alors, après toutes ces années d’absence, l'ampleur de sa popularité auprès de tous les Nigériens.

Depuis, Abdallah met à profit sa notoriété pour former les jeunes à la musique et à la guitare : il a fondé avec des amis l'association Takrist N'Tada, "Sauvegarde du patrimoine culturel traditionnel", destinée à promouvoir la culture nigérienne, à aider les jeunes musiciens et à défendre les droits des artistes.
En 2000, il fait construit une première école à Arlit, suivie d’une seconde en 2003 à Agadès, la plus grande ville du nord Niger. Aujourd'hui, la scolarisation est l'objectif principal de nombreux Touaregs, conscients que la survie de leur identité en dépend.