Les sécheresses de 1973 et 1974 anéantissent le pays pendant six ans. Les stocks de produits alimentaires découverts au domicile de ministres de Diori, premier président du Niger et candidat unique soutenu par la France, portent un coup fatal au pouvoir. Diori est renversé lors d'un coup d'État sanglant et Senyi Kountché, un militaire, prend sa place à la tête du pays. Il reste cinq ans au pouvoir avant de s'éteindre à son poste. Le colonel Ali Saibou le remplace, non sans promettre d'instaurer la démocratie et de lancer des réformes, qui ne voient jamais le jour. Les décennies 70 et 80 sont marquées par les effets de la sécheresse, provoquant un exode massif des jeunes. En 1984, Abdallah Oumbadougou fait partie des nombreux exilés qui s'expatrient en Libye, où il fonde en 1987 le groupe Tagueyt Takrist Nakal, "Construire le pays", qui appelle à l’unité du peuple Touareg. Entre 1991 et 1995, ses compositions interdites par les autorités nigériennes se répandent à travers tous les campements de réfugiés du Niger au Mali, en Algérie, au Burkina Faso et en Libye grâce aux cassettes pirates qui circulent clandestinement. Ses chansons en tamashek qui célèbrent l’amour, se plaignent de la dureté de l’exil et de la nostalgie du pays, font naître sa légende à travers le désert. Abdallah, comme ses cousins maliens du groupe Tinariwen, n’hésitera pas à franchir secrètement la frontière pour rejoindre kalachnikov à la main la guerilla opposées aux troupes régulières. Mais ses véritables armes sont avant tout sa guitare et son magnétophone à piles sur lequel il enregistre ses chansons. Les accords de Paix d’avril 1995 permettent son retour d'éxil marqué par un concert à Niamey devant plus de 2000 personnes. Il réalise alors, après toutes ces années d’absence, l'ampleur de sa popularité auprès de tous les Nigériens. Depuis, Abdallah met à profit sa notoriété pour former les jeunes à la musique et à la guitare : il a fondé avec des amis l'association Takrist N'Tada, "Sauvegarde du patrimoine culturel traditionnel", destinée à promouvoir la culture nigérienne, à aider les jeunes musiciens et à défendre les droits des artistes. En 2000, il fait construit une première école à Arlit, suivie d’une seconde en 2003 à Agadès, la plus grande ville du nord Niger. Aujourd'hui, la scolarisation est l'objectif principal de nombreux Touaregs, conscients que la survie de leur identité en dépend. |