lundi 21 juillet 2008 22h
      Blauzac
      Domaine de Malaïgue  

DHOLS OF JAIPUR
(Rajasthan)



    Tous les ans à l’occasion du mois de mohram, le monde musulman chiite commémore durant dix jours le martyre de l’Imam Hussein, gendre du prophète.
    A Jaipur, la capitale du Rajasthan, les rues sont alors envahies de centaines de milliers de personnes venues participer au festival. Nuits et jours, le public déambule dans les larges boulevards de la Ville Rose, offrant procession à de magnifiques temples de bois et papier mâché (appelés mohram), finement parés, hauts de plusieurs mètres.
    Pour mener la danse, chaque quartier de la ville s’organise en orchestre de dhôls (énorme tambour basse battu à l’aide de mailloches) et tasha (tambour aigu frappé de baguettes).
Loin du folklore vu et ressassé, les Dhols de Jaipur jouent les rythmes propres au festival de Mohram. Loin de la méditation, la musique des Dhols de Jaipur est tournée vers la danse et la transe. Une incroyable aventure rythmique. Véritables virtuoses des tashas, les membres du groupe sont très régulièrement primés lors du festival.
    Basés sur la tradition classique hindoustani dont ils sont issus, les musiciens des Dhols de Jaipur ont développé des rythmes propres à leur ensemble.
    Invariablement leur parade commence par Ekdankar. Les dhols battent la mesure (quatre temps). Les tashas, elles, partent dans de longues improvisations directement tirées des kaydas des tablas classiques. Elles s’amusent avec des lehkari (littéralement, faire bouger le temps). En jouant, par exemple, en trois temps et demi puis en dix temps des mesures de seize temps. Une véritable compétition s’installe entre les différents solistes qui se passent successivement le premier rôle. Selon leur envie et leur humeur, le tempo s’accélère, chacun rivalisant de virtuosité.
    On entre ensuite dans Gumar. Comme Ekdankar, Gumar est une création de cette famille de Jaipur, joué uniquement par elle. Gumar est basé sur un rythme typiquement rajasthanais. . Là encore, les règles de la musique classique hindoustani s’imposent. Les dhols et les tashas commencent à dialoguer avant que les tashas ne se relancent dans des improvisations lehkari.
    Puis vient Sawari, rythme typique des musiques soufies d’Inde du Nord (utilisé notamment dans le qawwali ou les kâfi). Sawari est Le rythme joué par tous les ensembles percussifs lors de Mohram. On abandonne là les règles de la musique classique, il n’est plus question de contrôle, seule la transe mène les musiciens. Le dialogue entre dhols et tashas est entièrement libre.
    Sec et claquant, l’appel des tashas roule dans les airs. Leur faisant face, les sourdes vibrations des dhôls leur répondent. Ensembles, ils trouvent leur rythme et avancent, grossissant jusqu’ à devenir un déferlement de tonnerre. Les tashas jouent à de spectaculaires péripéties percussives, se lançant dans des soli d’une rapidité vertigineuse. Soutenu par les dhols, lentement le tempo s’accélère, entraine pieds et hanches de l’auditeur.
    Le volume s’élève ; la réalité est submergée de percussions, prise entre les roulements déferlants des tashas et des basses martelées que ne renieraient pas les adeptes des musiques électroniques les plus « hardtech ‘ ». La frappe métronomique des peaux porte la danse vers la transe. Cassant soudainement le flot continu, les batteurs font surgir des phrases scandées successivement par les tambours aigus puis les tambours graves… Un sursaut avant de se replonger dans l’avalanche de rythmes.
    Les rythmes de Mohram (ekdankar, gumar ou sawari) n’ont jamais été présentés hors du Rajasthan. Cette tournée sera la première présentation en dehors de l’Inde de cette incroyable musique.
    Les Dhols de Jaipur peuvent jouer en salle ou en rue,
            statique ou déambulatoire.

    Tashas : Ashik Ali, Shahid Hussain, Noshad Ali.
    Dhols : Ishak Ali, Irshad Ali, Dilshad Ali, Momodji.
    Le projet des Dhols de Jaipur a vu le jour grâce à une collaboration entre l’association Musique Caméléon d’Angers et l’association Sawar Saptak de Jaipur.
    Sawar Saptak est une association qui vise à promouvoir la musique classique hindoustanie et à l’enseigner auprès des jeunes et des enfants. Elle est notamment très active auprès de nombreuses familles appartenant à des castes de musiciens mais qui, pour survivre, ont dû abandonner la musique et se tourner vers d’autres sources de revenus (avec la fin du mécénat des maharajas, et le développement de la société moderne, les musiques classiques et traditionnelles ont disparu peu à peu de la vie quotidienne des indiens).
    La transmission et l’enseignement se faisant généralement de père en fils, dès qu’une génération abandonne la musique, c’est la fin d’une lignée. Des membres de Sawar Saptak (notamment Amanat Ali Kawa, professeur diplômé de l’Université de Jaipur et fils du chanteur Ustad Abdul G.Kawa) tentent de la réintroduire au sein de familles ayant perdues leur héritage.
    Sinon, les membres des Dhols de Jaipur appartiennent à un ensemble qui remporte très régulièrement le trophé du meilleur ensemble de dhols-tasha de Mohram. Plusieurs centaines d’ensembles participent à ce trophé et on vient de tous les états voisins (et même plus loin) pour y assister.
    Les musiciens des Dhols de Jaipur sont aussi membres de l’ensemble de qawwali Mastana (Womad Festival Angleterre et Canaries ; Jeonju Sori Festival en Corée du Sud ; Musée National des Arts Asiatiques Guimet ; Festival International Danses et Musiques du Monde de Ris Orangis ; Festival Autres Rivages ; plusieurs émissions sur France Musique…)