Ils avaient une grosse tournée, cet été, en Europe et les voilà bloqués aux portes,
s'indigne Christian Florentin, qui a fondé Autres Rivages voilà treize ans. ...

Cela devait être un des concerts phare du festival nomade en pays d'Uzès, Autres rivages, qui aura lieu du 16 au 31 juillet prochains. Mais le groupe, grand ambassadeur de République démocratique du Congo, Konono n°1, n'a pas obtenu de visa pour l'Europe, à la suite d'une succession d'imbroglios administratifs.
Interdit d'entrée dans l'espace Schengen. Pourtant, ces bidouilleurs de première, inventeurs de la congotronics, joueurs de distorsions, pratiquant, depuis vingt-cinq ans, une joyeuse musique traditionnelle amplifiée, ne sont pas des inconnus. Ils en sont à leur sixième tournée internationale et ont collaboré avec Bjork.
« Ils avaient une grosse tournée, cet été, en Europe et les voilà bloqués aux portes, s'indigne Christian Florentin, qui a fondé Autres Rivages voilà treize ans. On remarque un durcissement de la politique d'immigration concernant le continent africain. S'il s'agit de faire un exemple, il est très mal choisi, car ce groupe est très aimé. C'est un coup dur pour eux qui font vivre plusieurs familles et qui voient leurs dates tombées une à une. » Ainsi, les Konono n°1 n'ont pas pu jouer à la Tate modern gallery londonienne où ils devaient rendre hommage au réalisateur décédé Djibril Diop Mambety, comme à Porto, au Portugal, où le musée Serralves les attendait.
A Uzès, pour marquer le coup et montrer sa solidarité envers les Congolais interdits d'accès européen, le festival ne programmera rien à la place du concert annulé.
Logique quand on sait à quel point le festival Autres rivages prône l'ouverture à l'autre, dans sa culture, ses musiques, ses danses, révélées dans les beaux écrins des villages de l'Uzège.
« Notre festival défend les différences culturelles comme motif de richesse et non de conflit. La libre circulation des artistes, des idées est fondamentale, ajoute Christian Florentin. Cette décision est aussi un coup de massue à toute la profession travaillant sur le rapprochement entre les cultures. » Malheureusement, la tâche n'est pas si simple. Si le festival a déjà dû annuler des concerts, comme avec des musiciens cubains, il s'agissait de refus de sortie de territoire, jamais l'inverse.
Encore aujourd'hui donc, les chansons et les musiques sont arrêtées par les frontières ! En attendant, pour écouter Konono n°1, il reste leur album Congotonics n°1.

Christian Florentin, qui parait-il, doit être reçu à la Garden-party du Président le 14 juillet, situe l'événement : « Nous chanterons les louanges de la différence et de la diversité et continuerons de suggérer qu'une certaine idée du bonheur passe assurément par un autre regard sur l'autre. »