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La Squadra Chant de la Ligurie
Le trallallero autrefois également dénommé bel canto popolare est une forme a cappella propre au grand port de Gênes et son arrière pays. Si l’on en trouve peu de traces avant le milieu du 19° siècle, tradition orale oblige, cette manière de chanter semble profondément ancrée dans le patrimoine musical de la Ligurie. Elle trouve ses origines au détour des collines sur la côte, dans l’évocation d’événements de la vie rurale. Portés par les paysans en quête de travail, ces chants se sont frayé un chemin jusqu’à la ville, abandonnant leurs références rurales pour celles du seul divertissement. Au gré de l’urbanisation, de l’industrialisation, ils sont devenus l’apanage des ouvriers de la sidérurgie et des travailleurs du port de Gênes. Une affaire d’hommes en somme, de dynamique d’équipe, avec ses rôles, sa hiérarchie.
Un ensemble de chanteurs prend ainsi le nom de squadra : équipe. Généralement liée à une association, la squadra possède son maestro ou capo, sorte de chef de chœur, mais aussi son président et son secrétaire. Dès le début du 20°siècle, les squadra rivalisent de vocalises lors des concours, qui deviennent très populaires dans les années 1920- 1930, où dénombre plus d’une centaine d’ensembles appartenant à diverses corporations de métiers.
Aujourd’hui magnifiquement représentée par la Squadra, cette tradition vivante suscite l’engouement des publics français et francophones grâce à la ténacité de son tourneur montpelliérain et à la maison de disques parisienne Buda Musique.
La Squadra devient ainsi le plus célèbre ambassadeur du trallallero.
Un orchestre de voix
Apparenté à cet art vocal dont le bassin méditerranéen propose une palette abondante et diverse, le trallallero qui ne s’accompagne d’aucun instrument, fonctionne sur une polyphonie à cinq voix : contralto, ténor, baryton, voix de guitare et basses. Ce qui le distingue essentiellement des autres traditions des chants a capella, c’est l’addition de cette voix imitant la guitare mais qui en fait scande le rythme et l’utilisation du contralto ( falsetto) fameuse voix aux trilles enjôleuses, féminines parfois jusqu’à l’outrance dans cet univers masculin. Le terme de primu et
secundu utilisés pour désigner respectivement le tenor et le contralto, montrent bien le rôle primordial de ces deux voix dans la dynamique des chansons. Ce sont celles qui non cent les paroles des couplets et qui improvisent en onomatopées dans les parties des trallalleri proprement dites.
Pendant ce temps les voix de basses bassi cantabili produisent la base des harmonies et bassi profondi le bourdon, le baryton controbasso inscrivant son discours dans un jeu permanent, rythmique et mélodique avec les deux premières voix. Quant au chanteur à la voix de guitare chitarra, il met en œuvre le jeu de la langue, des lèvres et de la main contre la bouche afin de parvenir à l’effet recherché d’une guitare d’accompagnement.
d’après François Bensignor
La Squadra de Gènes
Il y a plus de vingt ans alors que naissait en France un engouement pour le chant polyphonique bulgare et corse, un groupe d’hommes « costauds » venus du port de Gènes intriguait le public français.
Trallalleri et chansons génoises au répertoire, ils ont sillonné les routes des festivals et des salles de spectacles.
Chanteurs déjà dans la fleur de l’âge, beaucoup d’entre eux ont cessé de chanter, d’autres nous ont quittés.
La relève est assurée, le nouveau groupe avec toujours en son sein l’étonnant haute – contre Claudio Valente, le tenor Matteo Merli, le baryton Giuseppe Zachetti, la voix de guitare Stefano Valla, les basses profondes de Franco Sacchi, Ivo Domenichella et Fabio Santamaria séduit l’auditeur par l’interprétation magistrale de cette tradition si chère à leurs coeurs.
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