dimanche 18 juillet 2010
jardin de l'Evêché 22h
UZES
la Confrérie Aïssawa Rkeb al Filali
Meknès Maroc


la Confrérie Aissawa Rkeb al Filali
musique
du Rkeb

Il fait nuit. Dans une ruelle de la médina de Meknès (Maroc), une litanie chantée s'élève, répétée par un choeur. Elle est douce. elle berce. D'un coup, un bendhir (tambour à une face) claque et une avalanche de bendhirs, de t'bels (tambour à deux faces joué avec des baguettes) et raïtas (sorte de bombarde berbère) lui répondent immédiatement. Précédés de grandes bannières, les musiciens processionnent dans la rue avant d'entrer dans une maison. C'est la Confrérie Aïssawa Rkeb al Filali qui entame une Lila (littéralement, la nuit, ce terme désigne aussi les cérémonies soufies aïssawas).

la confrérie Aissawa Rkeb il Filali

Au son des percussions et des raïtas, les membres de la confrérie, invitant aussi les gens à les rejoindre, vont danser durant une demi-heure. Lentement, les polyrythmies complexes vont entrainer les corps, puis le tempo va s'accélérer, faisant ainsi monter l'intensité. Puis, les musiciens s'installent tranquillement en cercle et entonnent le Hizb, chant collectif et récitatif, poèmes parsemés de citations du Coran, attribués an fondateur du Aïssawas, Sidi Mohammed Ben Aïssa (aussi appelé Cheik al Kamel, le maitre parfait).

A la fin du hizb, le moqadem (maître de la confrérie) lance le dikhr, éloges de saints chantés par un soliste auquel répond le choeur, soutenu par des percussions comme toujours très puissantes. Le dikhr occupe une place importante dans le déroulement d'une Lila. C'est lui qui, avec ce long dialogue entre le maître et le choeur, va ouvrir le chemin de lextase. Puis suivent le horm et haddoune. Là, les danseurs reprennent place (ceux de la confrérie, comme les simples participants à la Lila). On attribue à ces danses des vertus thérapeutiques très fortes. Au Maroc, comme en Algérie, en Tunisie ou en Libye où la confrérie, depuis Meknès, s’est répandue au cours des siècles, les Aïssawas sont souvent appelés pont aider à résoudre un problème dans une famille ou une communauté. On fait aussi appel à eux pour des évènements plus heureux, comme les mariages ou les circoncisions.
La cérémonie atteint son point culminant avec le Jilaliya, danse extatique au caractère physique très fort, communiquant une transe joyeuse à l'ensemble de l’assemblée, et le m’jred, danse de prédilection des Aïssawas, danse des initiés car le rythme (10 temps) et de figure compliqué. Après ces moments de musique et de danse très intenses (il n'est pas rare de voir des danseurs partirent en transe, en transe extatique comme en transe de possession), les membres de la confrérie entonnent un dernier chant, louant Dieu. C'est ce chant qui permet à tout le monde de recouvrer le calme et la sérénité.

la confrérie Aissawa Rkeb il Filali

Connue dans le Maroc entier, la confrérie Rkeb al-Filali jouit d’un grand prestige auprès de la population de Meknès, ville où naquit l'ordre soufi des Aïssawa au XVI° siècle et où la tradition aïssawa reste particulièrement vivace. Les origines sociales des membres de la confrérie sont variées, mais sa base reste majoritairement populaire.
Menée par Abdelali Lamrabet, tandis que son père âgé, le moqadem Driss Lamrabet, reste l'autorité morale, la confrérie est reconnue pour être l'une de celles qui est restée la plus fidèle à la tradition.
Lors d'une Lila, ce qui frappe immédiatement, c'est l’incroyable contraste entre la poésie des chants et la phénoménale puissance des percussions. L'énergie développée par les musiciens enivre rapidement l'auditeur. Doté, comme son jeune frère Fouad, d'une voix chaude et douce, maîtrisant l'art subtil de l'ornementation, Abdelali Lamrabet fait vivre sa poésie, la poésie de ses pères avec force et passion.

Momo