Les Chansons madécasses forment un recueil de poèmes en prose, publié par Évariste de Parny en 1787.
Parny publia en 1787 un recueil de poèmes en prose intitulé Chansons madécasses traduites en français, suivies de poésies fugitives. Les textes sont traduits de documents malgaches antérieurs au XVIIIe siècle. Parny écrivit ces poèmes alors qu'il séjournait dans les Indes françaises. Il ne vit jamais Madagascar. Par delà son intérêt documentaire pour l'époque, le recueil traduit, avec beaucoup d'avance, les sentiments anti-colonialistes de Parny.

« L'île de Madagascar est partagée en un nombre infini de menus territoires, lesquels appartiennent à autant de princes. Ces princes sont en perpétuelles rivalités, le but de ces guerres étant de faire des prisonniers qui seront ensuite vendus aux Européens. Si bien que, si nous n'étions là, ces peuples seraient heureux et pacifiques. Ils sont habiles, intelligents, aimables et hospitaliers. Ceux qui vivent au long des côtes se montrent légitimement méfiants envers les étrangers et, dans leurs contrats, prennent toutes les précautions que leur dicte la prudence voire la rouerie. Les Malgaches sont d'un naturel heureux. Les hommes y sont oisifs tandis que les femmes travaillent. Ils sont passionnés de musiques et de danses. J'ai recueilli et traduit certains de ces chants qui donneront ainsi une idée de leurs coutumes et de leur vie. Ils ne connaissent pas le vers et leur poésie s'offre comme une prose très élaborée. Leur musique est simple, aimable et toujours mélancolique »
(Evariste de Parny, préface aux Chansons madécasses, 1787)

Ravel s'enthousiasma pour les poèmes de Parny dont le contenu était conforme à ses propres convictions. Le style extrêmement dépouillé qu'il adopta pour cette musique s'inscrit dans la suite de sa Sonate pour violon et violoncelle. Dans cet esprit, cette œuvre n'est pas sans rappeler la Sonate pour flûte, alto et harpe de Claude Debussy, composée dix ans plus tôt.

« Les Chansons madécasses me semblent apporter un élément nouveau - dramatique voire érotique - qu'y a introduit le sujet même de Parny. C'est une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d'instrument principal. La simplicité y domine. L'indépendance des parties s'y affirme. » (Maurice Ravel, Esquisse biographique, 1928)
La chaleur et l'érotisme de Nahandove et de Il est doux et la virulente dénonciation du colonialisme de Aoua font des Chansons madécasses une œuvre engagée de Maurice Ravel en même temps que sa meilleure réussite dans le genre.