« Tous maîtres dans leur art, les artistes ethniques pratiquent depuis de longues années des instruments dont ils ont appris les techniques et les répertoires par transmission orale. Evoluer plus avant la fusion avec les musiques actuelles, en confrontant à ces musiques traditionnelles, sacrées ou populaires, les musiques savantes enseignées au conservatoire comporte un fort intérêt musicologique. Leur interaction forme une « musique unique » qui ne cesse de porter l’âme au-delà des frontières. » Lola Gruber Paris Quartier d’été.

Il y a ici dans l’emploi de l’appellation « musique unique» une volonté non pas de produire une musique sur un modèle unique mais de créer un espace de partage, un lieu de réconciliation, un creuset de tous les possibles à partir de toutes les racines.

Ces derniers mois mettent à mal cette idée d’ouverture à la différence et nous voyons avec un désarroi immense renaître les vieux démons de la peur de l’Autre, de la xénophobie, de l’ostracisme. Voilà réapparaître le repli sur soi, les mesures discriminatoires et le cortège des dérives qu’entraînent les instants sociétaux sensibles.

Face à cela, rappelons-nous qu’on ne découvre sa propre humanité qu’en allant vers l’Autre et que les valeurs d’hospitalité, de générosité, de compassion, d’échange sont les fondements mêmes de notre être au monde

Un être au monde bâti à partir d’une appréhension poétique de ce qui nous entoure.

Assidûment, c’est précisément depuis plus de vingt ans ce à quoi aspire Autres Rivages, événement désespérément militant debout en ces nuits où la violence s’empare des peuples.

Est-il encore possible d’entendre ce que chantait au regard de nos jours Gianmaria Testa, artiste transalpin qui nous quittait ces premiers jours de printemps ? « Un monde de vent, de mémoire, de terre et de brouillard, de pensées qui volent d’un ciel à l’autre et de rêves qui s’en vont sans se retourner au bras d’un inconnu… »

Oui, dans nos contrées envahies par le doute, il nous reste encore la poésie.